Alors que le nouveau Luc, dans son discours sur l’état de la Nation en mai, a solennellement déclaré la crise du logement terminée et affirmé que la pauvreté était en train de s’évaporer, les chiffres racontent une toute autre histoire.

Selon Toute l’Europe, au Luxembourg – pays des banques, des pelleteuses et des boutiques de luxe – 31,1 % de la population vit sous le seuil de pauvreté ou dans des conditions modestes. C’est ce que révèle une étude récente de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), le service statistique du ministère français de la Santé, des Affaires sociales, du Travail et de la Solidarité.

Ce n’est pas seulement affligeant – c’est le certificat deluxe de l’inégalité sociale. La moyenne européenne est de 28,7 %. Le Luxembourg prend ainsi la tête des pays riches d’Europe occidentale et centrale. Chez nos voisins, le taux de pauvreté est de 26,5 % en Belgique, 26,8 % en France et 28,1 % en Allemagne. Seuls la Bulgarie, la Roumanie et les trois États baltes affichent des taux encore plus élevés.

Selon la DREES, sont considérées comme «pauvres » les personnes dont le niveau de vie est inférieur à 60 % du niveau médian. Les « modestes » se situent juste au-dessus – entre 60 % et 75 % de ce niveau.

Alors que la Commission européenne lance sa première stratégie de lutte contre la pauvreté, les États membres investissent davantage dans les chars que dans la prévention. Programmes sociaux ? Oui, sur papier. En réalité : réarmement plutôt que solidarité. Le coût de la vie au Luxembourg continue de grimper et dépasse de 50,7 % la moyenne européenne. Le pays prend ainsi la première place du podium européen en matière de dépenses quotidiennes – comme le montre ce graphique.

Et la flambée des prix ne s’arrête pas là. Le 6 octobre 2025, le Statec a annoncé une hausse de l’inflation de 2,4 % à 2,7 % sur un an. Au Luxembourg, tout est mis en œuvre pour rester sur le podium.

Mais ce n’est pas seulement dans le coût de la vie que le Luxembourg excelle. En matière de logement aussi, le pays est en tête. Selon le Luxemburger Wort, la ville de Luxembourg affiche les loyers les plus chers d’Europe.

Quiconque souhaite y vivre doit être l’héritier d’un baron de l’acier ou d’un directeur de banque. En septembre 2025, le prix au mètre carré atteignait 8 309 €. Ce n’est pas vivre – c’est du sport de haut niveau pour le portefeuille.

Deloitte qualifie le Luxembourg de « sol le plus cher d’Europe ». Le pays ressemble davantage à un tapis doré sur lequel ne marchent que ceux qui n’ont jamais pris le bus.

Dans son discours sur l’état de la Nation, le Premier ministre Luc Frieden a déclaré la crise du logement résolue et affirmé que la pauvreté était en train de disparaître. Il a probablement regardé dans le miroir – et s’est vu lui-même.

Le retour de bâton ne s’est pas fait attendre. Selon un récent sondage Ilres, le CSV perdrait 4 de ses 21 sièges.

Luc Frieden a commenté le résultat avec calme : « Pas un bon résultat, mais pas une surprise non plus. » Autrement dit : il voit la catastrophe arriver – mais continue comme si tout allait bien. Comme Macron, Merz, Starmer & Co. La pauvreté ne surprend plus personne – sauf peut-être le Premier ministre, qui la voit venir… et choisit de ne pas la voir.

Le 7 octobre 2025, L’Essentiel écrivait : « Plus de 13 milliards d'euros: défense va rimer avec dépenses » Ce scénario, Luxembourg Jungle l’avait annoncé dès le 27 juin 2025 – presque à l’euro près.

Pour les chars, les drones et les satellites, il y a de l’argent. Pour les logements sociaux, il faut une loupe.

La question se pose : contre qui le Luxembourg veut-il se défendre ? Contre la hausse des loyers ? Contre les statistiques de pauvreté ? Ou contre ceux qui osent parler de politique sociale ?

Peut-être est-ce la nouvelle stratégie : ceux qui ne peuvent pas se loger seront simplement hébergés dans un bunker. Au moins, le loyer y est stable – et la perspective de justice sociale aussi sombre que le béton qui le compose.

Mais au Luxembourg, même cela n’est pas possible. Le 6 mai 2025, le Premier Frieden déclarait dans un article du Wort à propos des bunkers existants : «Nous ne construirons pas de bunkers au Luxembourg. »

Alors que le gouvernement mobilise des milliards pour le réarmement, la lutte contre la pauvreté reste un sujet secondaire – un dommage collatéral des priorités politiques.

Luc Frieden déclare la crise terminée. La statistique déclare Luc Frieden terminé. Et Luxembourg Jungle déclare : Quand la satire devient réalité, il est temps de traiter la réalité par la satire.