Carton rouge pour l’éthique et la morale, feu vert pour l’ignorance
Il y a des moments dans le football qui marquent l’histoire – non pas grâce à des gestes techniques brillants, mais parce que le scandale en dehors du terrain dépasse largement l’action sur le gazon. L’affaire Gerson Rodrigues est justement de ces moments: un joueur de l’équipe nationale avec un casier judiciaire, une fédération de football qui ferme les yeux, un sélectionneur qui préfère les buts à la morale – et une manifestation de femmes qui n’a pas seulement été ignorée, mais réprimée par la violence.
Alors que la moitié du Luxembourg s’indignait de la sélection de Gerson «SansConséquences», l’entraîneur Luc «Bois» restait de marbre: le football n’est pas un séminaire d’éthique, mais un sport de rois – et ceux qui critiquent finissent sur le banc.
La liberté de la presse a été aussi flexible que les règles du jeu: Journalistes critiques ? Interdits d’entrée. Femmes protestataires? Des doigts cassés plutôt qu’une écoute.
Et le troisième jour après le match, quand la FLF a finalement présenté ses excuses, cela ressemblait moins à une prise de conscience qu’à un remplacement à la 90ᵉ minute: purement symbolique, sans réel changement. L’essentiel étant que la controverse disparaisse rapidement.
Luxembourg Jungle s’est posé la grande question: comment quelqu’un comme Luc Bois peut-il justifier tout cela? Une interview exclusive avec l’homme qui prend les décisions.
Luxembourg Jungle: Monsieur Bois, que pensez-vous de la violence contre les femmes qui ont participé à l’action de protestation dans le stade, et de la violence contre les femmes en général?
Luc Bois: Oh là là, on dramatise encore tout cela! Le football est un sport de contact – et ça vaut aussi en dehors du terrain!
Luxembourg Jungle: Mais les agents de sécurité ont empêché les femmes de montrer leurs pancartes en utilisant la force. Deux d’entre elles ont été blessées, et l’une a dû être hospitalisée pour une fracture du doigt!
Luc Bois: Dis comme ça, évidemment, ça sonne négatif. Mais tout le monde sait que lorsqu’on assiste à un match de football, toutes les confrontations ne respectent pas forcément les règles du «fair play». Et puis franchement, ces femmes auraient mieux fait de rester chez elles! Soyons sérieux – un stade, ce n’est pas fait pour les sacs à main, les couleurs pastel et les débats sensibles! Avant, le monde était en ordre: les hommes jouaient au football, les femmes s’occupaient des choses vraiment importantes – comme servir des boissons à la mi-temps. Pourquoi abandonner cette belle répartition des rôles? À la fin, qui s’occupe des enfants pendant que les femmes s’amusent à accrocher des pancartes de protestation?
Luxembourg Jungle: Les pancartes de protestation affichaient des slogans tels que «Vous protégez les coupables, nous nous protégeons nous-mêmes», « FLF: complice plutôt que conséquence», «Honte à vous, FLF», «FLF & Rodrigues – je vous déteste autant qu’un penalty», «FLF sur la mauvaise route», «FLF, complice de la violence». Apparemment, l’un de vos hommes a mal interprété une pancarte qui disait « Fir FLF : Carton rouge» et l’a lu comme «Fick FLF», ce qui a encore envenimé la situation.
Luc Bois: Eh bien, nos garçons sont des maîtres du ballon – mais pas vraiment de l’alphabet. Lire, c’est comme tirer un penalty: on peut essayer, mais ça ne marche pas toujours. Et quand ça ne marche pas, on fait comme si de rien n’était – exactement comme sur le terrain de foot!
Luxembourg Jungle: Que répondez-vous aux critiques de plusieurs responsables politiques qui affirment que la FLF a piétiné sa fonction exemplaire?
Luc Bois: Nous ne pouvons pas être responsables de tout. Nous sommes une fédération de football, pas une commission d’éthique! Nous nous occupons du ballon – ce qui se passe en dehors du terrain ne nous regarde pas. À moins qu’un joueur finisse en prison et qu’on doive le faire libérer à temps pour la prochaine saison.
Luxembourg Jungle: Monsieur Bois, pourquoi avez-vous sélectionné Gerson SansConséquences pour le match contre la Slovénie, alors qu’il a été condamné en appel il y a un mois et demi à 18 mois de prison avec sursis pour violence domestique? N’aurait-il pas été plus judicieux, comme l’a suggéré le ministre des Sports Georges Mischo, de simplement le mettre de côté un temps – histoire de laisser l’affaire se tasser? Et que pensez-vous de son post: «Seul Dieu peut me juger»?
Luc Bois: Nous avons pris cette décision après mûre réflexion. Nous avons évalué tous les critères pertinents: la technique de tir, la condition physique, et surtout, son talent à ignorer l’opinion publique – et dans toutes ces disciplines, Gerson excelle! Toute cette affaire est exagérée – il a été condamné, oui, mais si la justice estime qu’il n’a pas à aller en prison, pourquoi ne devrait-il pas jouer pour nous? Voilà la différence entre les politiciens et les entraîneurs de football: les premiers passent leur temps à temporiser, les autres ont besoin de résultats et restent dans le jeu. Nous ne pouvons pas nous permettre de mettre nos meilleurs joueurs sur le banc juste parce que certaines personnes sont un peu trop sensibles!
Et pour son post «Seul Dieu peut me juger» – eh bien, on en a la preuve aujourd’hui. Si Dieu décide qu’il doit être sur la feuille de match, ce n’est certainement pas à moi d’intervenir!
Luxembourg Jungle: Monsieur Bois, pourquoi avez-vous interdit l’accès au journaliste Julien Mollereau lors de votre conférence de presse? Cela va à l’encontre de la liberté de la presse.
Luc Bois: J’ai pris une décision personnelle, qui n’a absolument rien à voir avec une atteinte à la liberté de la presse ou quoi que ce soit du genre. De toute façon, cette liberté de la presse est totalement surévaluée! Quand je décide qu’un journaliste n’a pas sa place dans la salle, alors il n’a pas sa place – point final! Je suis sélectionneur, pas expert en droits de l’homme.
J’ai simplement estimé que je n’avais pas envie d’être dérangé par des questions inconfortables. C’est mon droit – tout comme c’est mon droit de sélectionner des joueurs qui, en privé, se comportent de manière… disons, dynamique.
Et soyons honnêtes – c’est moi qui suis la véritable victime ici! D’abord on me reproche d’avoir sélectionné un joueur condamné, ensuite on critique mes choix, et maintenant je dois gérer des journalistes qui viennent me harceler avec leurs questions? Où est le «fair play» pour moi? Moi, je dois me concentrer sur l’essentiel: aligner une équipe capable de bien jouer, même si elle collectionne plus de condamnations que nous de points en qualification!
Et puis franchement – le football n’est pas un club de débats politiques! Liberté de la presse, démocratie, principes moraux – tous ces concepts compliqués n’ont rien à faire sur un terrain de football. Nous avons nos propres règles. Ceux à qui ça ne plaît pas peuvent aller voir ailleurs!
Luxembourg Jungle: Mais n’est-ce pas paradoxal qu’un joueur condamné soit sélectionné tandis qu’un journaliste critique soit exclu ?
Luc Bois: Ne mélangeons pas les torchons et les serviettes – ou plutôt, les pommes et les crampons! Gerson SansConséquences peut au moins marquer des buts – Julien Mollereau, lui, qu’est-ce qu’il sait faire? Il faut savoir hiérarchiser les priorités: un bon attaquant est difficile à remplacer, un journaliste critique… ça repousse comme de la mauvaise herbe! Et moi, je suis entraîneur, pas jardinier.
Mais une chose est sûre: si un jour nous constituons une équipe de reporters d’investigation, je sélectionnerai évidemment les meilleurs critiques – à condition qu’ils me promettent de ne pas poser de questions!
Luxembourg Jungle: Monsieur Bois, la FLF s’est officiellement excusée auprès des femmes protestataires. Cela signifie-t-il que vous allez reconsidérer votre position et accepter les voix critiques à l’avenir?
Luc Bois: Bien sûr que nous nous sommes excusés – ça fait bien sur le papier! Mais vous ne pensez quand même pas sérieusement que nous allons désormais autoriser des pancartes de protestation dans le stade?
Soyons réalistes, la règle la plus importante dans le football, c’est de continuer à jouer, peu importe ce qu’il s’est passé avant. Et c’est exactement ce que nous allons faire – reprendre le jeu et attendre que les gens trouvent un autre sujet sur lequel s’indigner.
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