· 

«On aurait continué à négocier»

Le LSAP entre mise en pli, apprentissage et slogans creux

Taina Bofferding, cheffe de fraction de la LSAP, est assise dans le studio de RTL, la caméra tourne, le micro est ouvert – et le message? Aussi précis qu’une promesse électorale après les élections. Le gouvernement aurait «piétiné le modèle social», dit-elle. Ce que Taina Bofferding semble oublier, c’est que la LSAP elle-même, sous le gouvernement Juncker, a agi avec l’élégance d’un éléphant dans un magasin de porcelaine.

En 2012, les protestations contre les plans de réforme des retraites de MDB (Mars Di Bartolomeo) ont été ignorées tout aussi systématiquement qu’aujourd’hui par le nouveau Luc. À l’époque, le LSAP était au pouvoir – aujourd’hui, elle se scandalise, comme si elle n’avait jamais participé au démantèlement social. Double morale? Ou mémoire sélective.

Chez Madame Bofferding, ce n’est pas seulement la fonction politique qui change – la tenue aussi s’adapte au rythme dramatique. Tantôt syndicaliste au regard tranchant, tantôt ex-ministre. Aujourd’hui, elle endosse le rôle de cheffe de l’opposition, avec une certaine indignation dans le regard. La couleur de cheveux? Secondaire. Ce qui compte, c’est le talent de faire de l’indignation un élément de style.

Syndicalisme en version haute couture

Avant la dernière réforme des retraites de 2012, Taina Bofferding a «travaillé» quelques mois chez l’OGBL – une apparition si brève qu’on pourrait presque l’oublier, s’il n’y avait pas cette vitrine fameuse dans laquelle elle est régulièrement remise en scène. Car au Luxembourg, quiconque a un jour respiré l’air syndical peut se revendiquer proche du peuple à vie. C’est du moins la tactique du LSAP, qui aime se présenter dans les interviews comme le dernier rempart de la paix sociale, tout en oubliant qu’elle a elle-même activement contribué au démantèlement social, notamment en 2012, avec une réforme des retraites qui laissait aux gens le choix entre travailler trois ans de plus ou perdre 13 % de leur pension.

Idées de réforme en version light

Dans l’interview RTL, le gouvernement est critiqué – passionnément, fermement, avec conviction. Mais ce qui manque, ce sont des propositions. Des mesures concrètes. Des chiffres. Des modèles. À la place, on entend des phrases comme:

«On aurait continué à négocier.»

Sur quoi? Avec qui? Comment?

«Je ne peux pas le dire, parce qu’on ne le sait pas nous-mêmes.» – c’est du moins la conclusion ironique qu’on peut tirer de l'interview.

Le LSAP a effectivement pris position sur la réforme des retraites – en cinq lignes. Courtes et concises, comme il se doit pour une déclaration d’intention. Les propositions ressemblent à une liste de courses politiques:

  • L’État doit payer.
  • Les riches doivent payer plus.
  • Tout le monde doit payer plus.
  • Et si ça ne suffit pas: encore plus payer.
  • Mais s’il vous plaît, de manière socialement graduée – ça sonne mieux.
▲ Assemblée des membres du LSAP du 16 juin 2025 au Casino syndical de Bonnevoie. "Mir sinn d’LSAP" (nous sommes le LSAP) – au cas où quelqu’un aurait cru être chez le CSV, le DP ou les Verts. Photo: site officiel du LSAP.
▲ Assemblée des membres du LSAP du 16 juin 2025 au Casino syndical de Bonnevoie. "Mir sinn d’LSAP" (nous sommes le LSAP) – au cas où quelqu’un aurait cru être chez le CSV, le DP ou les Verts. Photo: site officiel du LSAP.

Voilà. C’est tout. Pas un mot sur les questions structurelles, la justice intergénérationnelle ou le financement à long terme. On pourrait croire que la LSAP a rédigé ses idées de réforme lors d’une assemblée de membres dont le slogan était: «Mir sinn d’LSAP» (nous sommes le LSAP) – histoire que chaque participant sache bien chez qui il est assis. Les programmes des grands partis se ressemblent désormais tellement qu’il devient difficile, sans bannières ni hashtags, de savoir qui parle.

L’assemblée des membres de la LSAP du 16 juin 2025 ressemblait donc davantage à une opération de rafraîchissement de marque qu’à une recherche de solutions. On a discuté, écouté, hoché la tête. Et à la fin, un concept est sorti, qui ressemble à un placebo politique: rassurant, mais sans substance.

L’art du déguisement

Taina Bofferding qualifie l’opposition de processus d’apprentissage. Beaucoup de «camarades» doivent d’abord «s’y retrouver». Évidemment – après des années au ministère, passer de la voiture de fonction au débat avec la base n’est pas si simple. Et le contenu? Il viendra. Peut-être.

Dans l’opposition, le LSAP aime se montrer proche du peuple. Mais quand on regarde de plus près, on remarque: la plus grande réforme ne concerne pas le système de retraite, mais la manière dont le LSAP se présente elle-même.

Le parti se veut la voix de la justice sociale – avec un concept de réforme aussi consistant qu’une cartouche fumigène: lancé avec panache, mais qui s’évapore sans effet réel.

Et nous, à la rédaction de Luxembourg Jungle, on dit : «On aurait continué à écrire.»

Mais l’interview RTL avec Taina Bofferding ne livre rien de plus. Rideau.

Kommentar schreiben

Kommentare: 0