Qui peut encore entrer dans la forêt?
Qui contrôle la forêt luxembourgeoise? La fédération des chasseurs impose sa loi: cueilleurs de champignons, photographes de nature et randonneurs deviennent les cibles des chasseurs. Les nouvelles réglementations restreignent fortement l’accès à la forêt – au bénéfice exclusif des chasseurs. Une satire sur l’assemblée générale de la FSHCL du 31 mai 2025 à Merzig.
Autrefois, la forêt était un lieu de calme et de liberté où les randonneurs, les photographes et les cueilleurs de champignons trouvaient leur bonheur. Et aujourd’hui? Un club exclusif pour les chasseurs, dont l’accès est strictement réglementé et généreusement financé par des subventions publiques!
Alors que le randonneur ordinaire rêve encore d’aller en forêt pour respirer profondément, il doit désormais se poser quelques questions: Mon excursion a-t-elle perturbé la chasse? Suis-je en infraction? Ai-je enfreint le nouveau règlement forestier de la fédération des chasseurs?
Lors de l'assemblée générale de la FSHCL (Fédération Saint-Hubert des Chasseurs du Grand-Duché de Luxembourg), sur laquelle RTL a rapporté, tout le monde était satisfait : les chasseurs, le gouvernement ainsi que l'administration de la nature et des forêts. Le ministre de l'Environnement, Serge Wilmes, qui ne pouvait pas être présent, a été connecté en direct via visioconférence. En tant que membre clé du gouvernement, il avait une annonce importante à faire : la subvention publique pour la fédération des chasseurs passe de 75 000 à 250 000 euros par an !
Cette somme est indispensable à la FSHCL. La fédération va enfin pouvoir acquérir les coussins thermoformés, ergonomiques et rembourrés tant promis pour les miradors. Et puisque la chasse de nuit est désormais autorisée, les chasseurs auront bien sûr besoin de dispositifs de vision nocturne.
Cours de cuisine pour les bernaches du Nil
La FSHCL a également besoin de ces fonds pour financer son atelier de mise à mort, de découpe et de grillade des bernaches du Nil. «Les chasseurs veulent contribuer à résoudre le problème de l’invasion des bernaches», a déclaré le président de la FSHCL lors de l’assemblée, en précisant: «On peut même les manger. Leur goût dépend cependant des heures de vol.» Dans l’atelier «Bernaches du Nil», les chasseurs apprennent à calculer correctement les heures de vol des bernaches et suivent des cours de cuisine pour une préparation optimale.
Le directeur de l’Administration de la nature et des forêts (ANF), Michel Leytem, invité d’honneur de l’assemblée générale de la FSHCL, a salué les déclarations et les idées ambitieuses et novatrices de la fédération des chasseurs. «Les bernaches du Nil sont une espèce invasive», qui sont entrées illégalement dans le pays. Elles ne se sont pas conformées aux règlements, il faut donc les adapter de sorte qu’une oie stupide puisse les comprendre. Il a souligné que si les bernaches du Nil ne retournent pas d’où elles viennent, «alors nous devons trouver des solutions pragmatiques et donner aux chasseurs la possibilité d’agir.»
La Chasse aux marcassins
«Nous devons aussi abattre les petits porcelets – aussi terrible que cela puisse être et aussi réticents que nous puissions l’être», concéda le président de la fédération des chasseurs avec une gravité calculée. Mais derrière cette tristesse feinte se cache une stratégie d’efficacité soutenue par l’État.
«L’appel est simple: continuez à tirer ! Ceux que nous éliminons jeunes ne causeront pas de dégâts plus tard», rassura la ministre de l’Agriculture, Martine Hansen, avant de confirmer la poursuite du versement des primes – une annonce qui remonta immédiatement l’ambiance dans la salle.
Grâce à des fils électrifiés et un système d’alerte précoce pour détecter les mouvements suspects de cochons, nos frontières seront désormais mieux protégées.
Le gouvernement avait précédemment commandé une étude révélant que 89% des marcassins avaient le potentiel de devenir, dans cinq ans, des sangliers radicaux. «Nous devons stopper les mini-cochons avant qu’ils ne nous stoppent!», conclut la ministre de l’Agriculture.
Accès à la forêt uniquement avec une autorisation officielle
La FSHCL en a assez! Il y a bien trop de libertés en forêt, trop de désordre, trop d'abus de la nature! Les gens se déplacent indisciplinés sur des sentiers censés servir de refuges pour la faune ou de lignes de tir pour les chasseurs. Les cueilleurs de champignons pillent la forêt comme si elle leur appartenait.
«Ils courent toute la journée, du matin au soir, à travers la forêt, ce qui ne favorise pas vraiment la chasse au gibier», se plaint le président de la FSHCL, Jo Studer. Mais la pire nuisance reste, selon les chasseurs, les photographes animaliers. Des clichés pris à la volée menacent l'équilibre écologique – ou pire encore: un chasseur pourrait accidentellement se retrouver sur l’image.
La situation ne peut pas continuer ainsi. De nouvelles réglementations sont indispensables. La FSHCL a présenté au gouvernement un vaste programme de réforme visant à enfin contrôler l’accès libre à la forêt:
· Inscription obligatoire auprès du Bureau d'inscription – Tout promeneur souhaitant accéder à la forêt devra préalablement demander un permis de séjour. Durée, itinéraire et activités autorisées seront strictement encadrés par la FSHCL.
· Sentiers de randonnée réglementés – Tous les chemins forestiers ne devraient pas être accessibles aux simples mortels. La faune sauvage a besoin de tranquillité, les chasseurs de lignes de tir dégagées – et les randonneurs de règlements!
· Contrôle des photographes de nature – Tout photographe devra obtenir une autorisation avant de capturer la faune ou les paysages. La prise de vue perturbe les animaux, et les chasseurs pourraient être photographiés involontairement lors de leurs loisirs.
· Quota de cueillette de champignons – La récolte de champignons doit être strictement régulée. La FSHCL déterminera quand, où et combien de champignons pourront être ramassés – bien entendu en accord avec les priorités de chasse.
Cette initiative est soutenue officiellement par l’Administration de la nature et des forêts. «Les chasseurs font partie de la solution», affirme son directeur, Michel Leytem, qui applaudit ces nouvelles mesures comme une avancée vers une régulation forestière maîtrisée.
Notre société doit enfin comprendre qu’un quota de tirs bien organisé est plus important qu’un champignon, une photo ou une promenade.
La résistance s’organise
Mais tout le monde n’accepte pas cette prise de contrôle totale de la forêt par les chasseurs. La résistance grandit – surtout sur les réseaux sociaux. Cueilleurs de champignons, photographes amateurs et randonneurs commencent à s’organiser et envisagent des manifestations contre la fédération des chasseurs.
Mais la FSHCL avait déjà prévu le coup. Elle propose une nouvelle mesure dans son règlement forestier:
· Toutes les manifestations devront être préalablement autorisées – bien sûr, par la FSHCL.
Car ceux qui pensent pouvoir se rebeller contre les nouvelles règles de la forêt doivent apprendre que même les protestations doivent être contrôlées et ordonnées. Après tout, la nature n’est pas un territoire sans loi pour aventuriers, mais une ressource stratégique exclusivement réservée à ceux qui savent réellement l’exploiter.
Une symbiose parfaite
La ministre de l’Agriculture a annoncé que le prochain conseil gouvernemental se pencherait sur la réglementation forestière proposée par la fédération des chasseurs et que celle-ci pourrait entrer en vigueur dès le mois prochain – un record de rapidité pour une réforme législative, à condition que les bons acteurs soient réunis autour de la table.
Pour le président de la FSHCL, Jo Studer, il ne fait aucun doute que les liens étroits entre la fédération des chasseurs et le gouvernement ont porté leurs fruits. Il s’est réjoui en déclarant: «Une collaboration aussi efficace que celle-ci, nous ne l’avions encore jamais vue.»
Remarque:
Tous les passages de texte écrits à la fois en gras et en italique sont des citations originales de l'assemblée générale de la fédération des chasseurs FSHCL.
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