Le Luxembourg n’a pas besoin d’un rempart contre les Verts—mais peut-être contre les pyromanes politiques
C’est reparti. Fred Keup, le gardien autoproclamé de la démocratie, a une nouvelle fois tenté de sauver le Luxembourg avec une déclaration aux accents théâtraux. Cette fois-ci, il s’interroge: faut-il un rempart contre les Verts? Un choix de mots intéressant - surtout quand on sait que la spécialité politique de Keup consiste à allumer des foyers d’incendie avant de jouer le pompier outré.
Bien sûr, il est nécessaire et légitime de critiquer les Verts — ils ne sont ni infaillibles ni sous une protection spéciale. Au contraire: leur politique s’est éloignée de ses principes fondateurs au point que même les sympathisants les plus convaincus commencent à froncer les sourcils. Le virage est particulièrement flagrant en matière de politique de paix: alors que l’ancien credo était le désarmement et l'antimilitarisme, les Verts soutiennent aujourd’hui l’armement militaire comme si quelqu’un leur avait soudainement soufflé que le développement durable commençait avec des Airbus A400M.
Et qui ose remettre en question ce virage idéologique? Aussitôt, le baromètre de la diabolisation s’emballe — plus vite qu’un ministre saluant le prochain parc éolien. Toute critique de la politique verte est immédiatement qualifiée de blasphème hérétique, comme s’il s’agissait d’une loi immuable de la nature que les idées écologistes doivent toujours être moralement supérieures.
Mais non, Keup veut nous faire croire que ce ne sont ni les erreurs politiques ni les revirements idéologiques qui fragilisent les Verts — c’est, selon lui, leur prétention à diviser la société. Une affirmation tellement ironique qu’elle pourrait presque devenir un programme officiel de satire. Car ce sont justement les populistes de droite qui excellent dans l’art de la division.
« Nous contre le monde » – Le manuel du populisme de droite
Keup et son ADR sont des maîtres du discours «Nous contre le monde», où l’objectif n’est pas de proposer des solutions politiques mais bien de manipuler les émotions. Tout est réduit à un schéma simpliste: il y a les «méchants», bien entendu les Verts, les militants écologistes, les progressistes et les prétendus moralisateurs. Et il y a les «gentils», ceux qui s’opposent à la «folie des interdictions» — donc Keup & Co.
Mais où se trouve exactement la «malveillance» des Verts? Dans leur incapacité à défendre les principes démocratiques? Absolument! On pouvait s’attendre à ce qu’un parti qui prônait autrefois la participation citoyenne ne se précipite pas pour faire passer un accord controversé comme CETA pendant le confinement, alors que tout rassemblement publique était impossible. Apparemment, la démocratie selon les Verts consiste à faire avancer les bonnes décisions au bon moment — c’est-à-dire lorsque personne ne peut protester.
La démocratie selon Keup – mais seulement quand ça l’arrange
À la fin, Keup souligne avec sérieux que la démocratie signifie diversité d’opinions, équité et respect. Magnifique. Mais alors, pourquoi ne voit-on pas cela chez son propre parti?
Après tout, c’est bien l’ADR dont un député, Tom Weidig, a publiquement affiché son soutien à la «destruction» du mouvement LGBTQ. La haine politique sous couvert de liberté d’expression? Intéressante définition.
Keup ne comprend pas une chose essentielle: l’extrême droite ne fait jamais partie de la solution. Elle est le problème. Se présenter comme défenseur des valeurs tout en maniant des fake news, des boucs émissaires et la négation scientifique, ce n’est pas protéger la démocratie — c’est en être le plus grand adversaire.
Le Luxembourg n’a pas besoin d’un rempart contre les Verts. Mais peut-être d’un contre les pyromanes politiques.
Journalisme de qualité?
À quoi pensait le Luxemburger Wort en publiant le texte de l’ADR sans le moindre commentaire?
D’abord propriété du clergé, puis racheté par le groupe belge Mediahuis, le LuxWort semble avoir trouvé sa nouvelle religion — celle du populisme. Beaucoup de lecteurs s’interrogent: s’agit-il d’un journalisme indépendant ou d’une publicité électorale pour l’ADR ? La rédaction répond: Pourquoi ne pas faire les deux ?
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