Au Luxembourg, la nature n'est ni protégée, ni préservée, ni même respectée – non ! Elle est renforcée! Elle a surtout besoin de nerfs d'acier pour supporter tout ce que notre gouvernement lui réserve.

« Nous voulons construire plus vite et renforcer la nature », déclare le ministre de l'Environnement Serge Wilmes. Une contradiction ? Quelle idée ! C'est tout à fait logique. La nature doit être renforcée – avec du béton ! Comment pourrait-elle autrement supporter les innombrables maisons-cubes, résidences, parkings, bureaux, temples de la consommation et routes de contournement prévus, sans être stabilisée ?

Mais qu'entend exactement le ministre de l'Environnement par « Renforcer la nature » ? «Luxembourg Jungle» a discuté avec le ministre Serge Wilmes.

Luxembourg Jungle : Monsieur Wilmes, comment la nature doit-elle être renforcée ?

Serge Wilmes : Chaque souche d'arbre renversée devient la fondation de notre nature et la renforce contre le poids qui repose sur ses épaules. Le béton contribue également à donner à notre nature la stabilité nécessaire. On peut le voir actuellement lors de la construction de la route de contournement d'Hosingen. Pour éviter l'effondrement de la nature, elle est renforcée avec du béton, du fer et des plaques de plastique. Les arbres et arbustes qui restent debout sont injectés avec un shake protéiné spécial – pour les renforcer et les rendre résistants.

Luxembourg Jungle : Vous voulez construire plus et plus vite tout en renforçant la nature. Quelles mesures sont prévues pour compenser la nature détruite ?

S.W. : La plupart des arbres ne sont plus nécessaires et seront remplacés à l'avenir par ce qu'on appelle des City Trees. Je fais référence aux résultats positifs de la commune de Differdange, où une phase de test avec des City Trees est en cours. Le City Tree est une boîte en bois de deux mètres de haut avec de la mousse, de l'eau et un ventilateur à l'intérieur. Une telle boîte remplace 81 arbres réels. Nous allons ainsi créer un équilibre et faire du bien à notre bilan climatique. La question n'est pas de savoir quelles mesures de compensation nous souhaitons mettre en œuvre, mais : avons-nous encore besoin d'arbres réels ? La réponse est clairement non. Je l'ai déjà prouvé durant mon mandat comme échevin de l'Environnement de la ville de Luxembourg lors du réaménagement de la place de Paris.

A lire également:

Luxembourg Jungle : Il doit donc être construit plus vite. Qu'est-ce qui sera construit ?

S.W. : Lorsque le ministre #Luc a déjeuné avec les principaux promoteurs des entreprises Felix Giorgetti et Besix Red au restaurant gastronomique de Mondercange peu avant les élections, les décisions étaient prises. Ce gouvernement veut construire 6 000 logements par an pour faire face à la croissance de la population de 12 000 personnes par an. Cela implique bien sûr aussi une adaptation des infrastructures. La moitié des logements sera du logement abordable pour les milliers de sociétés boîtes aux lettres qui nécessitent un abri, et le reste sera des logements de luxe pour les 85 000 millionnaires et les 280 milliardaires.

Luxembourg Jungle : Le problème du logement sera-t-il résolu avec cette politique ?

S.W. : Bien sûr que non, et je ne l'ai jamais prétendu, ce n'est pas l'objectif de ce gouvernement. Le ministre des Affaires étrangères Bettel a également mis en garde le Portugal à ce sujet lors du Web Summit à Lisbonne les 11 et 12 novembre. Il a clairement fait savoir aux Portugais qu'ils ne devaient plus venir au Luxembourg, car ici seuls les riches sont tolérés. Dans ce sens, nous nous réjouissons également du fait que plus d'un tiers des Luxembourgeois vivent déjà à l'étranger, comme l'a récemment confirmé le service statistique STATEC. Sur les 371 000 Luxembourgeois, 137.000 vivent actuellement à l'étranger. Tendance à la hausse. Vous voyez : le problème de logement est en train de s'évaporer. L'État doit simplement s'occuper de l'Internet rapide pour les entreprises.

Luxembourg Jungle : Monsieur le ministre Wilmes, vous avez annoncé que vous alliez fortement miser sur le principe de la « nature temporaire ». Ce terme est inconnu de beaucoup de gens. Que voulez-vous dire par là?

S.W. : Vous savez, je ne peux pas vous dire exactement. Mais nous vivons dans un monde où tout est temporaire. Cela ne s'arrête pas à la nature. Prenons la forêt : elle peut exister une saison en tant que forêt avant d'être remplacée par quelque chose de plus moderne, comme un parking Pop-up ou un centre commercial temporaire. Les interprétations sont infinies. La nature temporaire peut également signifier, par exemple, que les cerfs et les chevreuils ont droit à une période de forêt de 9 h à 16 h, et ensuite la forêt est préparée pour une fête rave. Nous avons testé cela cet été à Bavigne – et cela a très bien fonctionné. Un autre exemple est le parc de la capitale. Les écureuils ont une heure le matin pour cacher leurs noix, puis le travailleur municipal arrive avec la tondeuse.

Tout n'est que temporaire. Nous n'avons pas besoin de nature permanente, nous la gérons et la distribuons en portions pratiques et limitées dans le temps. Après tout, nous vivons à une époque où tout doit être immédiatement disponible et disparaître tout aussi rapidement.

Luxembourg Jungle : Monsieur le ministre, nous vous remercions pour cet entretien.