COMMENT LA REINE URSULA A BRADÉ L'EUROPe
Le 27 juillet 2025, Donald Trump, dictateur certifié du golf et autoproclamé «Lord of the Lies», a reçu la reine Ursula pour négocier le «Deal of no Return» sur le terrain de golf écossais de Turnberry. Sous les sons entêtants de cornemuses, l’avenir de l’Europe fut vendu au-dessus du Loch Linnhe – habilement emballé dans un «Deal to Go» transatlantique.

Turnberry, autrefois hôte du tournoi «British Open», a servi le week-end dernier de décor au «Transatlantic Tax Open». Avec des snipers sur les toits, des chiens policiers en patrouille, et des journalistes muselés avec accréditation obligatoire, l’Écosse est devenue le théâtre d’un polar économique inédit – sans auteur de polar, certes, mais avec un happy end pour l’Amérique. La décision de se rencontrer a été prise après une «bonne conversation téléphonique» avec Trump, a écrit von der Leyen sur X le 25 juillet.
Following a good call with @POTUS, we have agreed to meet in Scotland on Sunday to discuss transatlantic trade relations, and how we can keep them strong.
— Ursula von der Leyen (@vonderleyen) July 25, 2025
▲ Post d'Ursula von der Leyen du 25 juillet 2025 sur X
Elle s’est envolée sur-le-champ pour l’Écosse, a attendu que Trump remporte son match de golf, puis a rencontré le «Daddy» américain. Comme il se doit, von der Leyen a voyagé en jet privé – non pas pour arriver rapidement sur le green, mais pour décider plus vite que les 27 autres États membres. Et fidèle à son style de monarque éclairée, la Reine Ursula n’a bien sûr pas informé les gouvernements européens de son escapade écossaise improvisée.
TRUMP EST RESTÉ ASSIS JUSQU’À LA FIN
Depuis l’intronisation de Donald Trump en janvier 2025, Ursula von der Leyen avait sollicité plusieurs audiences – sans succès, le président n’ayant aucune envie de la voir. Les échanges sur le golf écossais n’ont duré que 60 minutes, mais surprise: Trump est resté assis jusqu’au bout. Pour éviter qu’il claque la porte comme au sommet du G7 au Canada, Ursula a tout mis en œuvre pour satisfaire le maître du monde. En une heure à peine, elle a obtenu ce que son commissaire au commerce, Maroš Šefčovič, n’avait pas réussi en plusieurs mois de négociations. Peut-être que le sable du terrain de golf est plus efficace que le sable dans les rouages de la bureaucratie européenne…
L’accord n’est pas parfaitement équilibré, mais il y a eu accord:
- L’UE investira 600 milliards de dollars dans l’économie américaine
- Elle achètera 750 milliards de dollars d’énergie US
- Elle s’engage à acquérir 250 milliards de dollars d’armes américaines
- Elle accepte avec satisfaction que les produits européens subissent «seulement» 15 % de taxes douanières
- Et elle accepte volontiers que les taxes punitives de 50 % sur l’acier et l’aluminium européens soient maintenues.
En échange, l’UE obtient… rien.
Peut-être que l’Europe a de nouveau la chance de jouer un rôle secondaire dans le théâtre géopolitique – tant qu’elle ne dérange pas trop.
LE RAPPORT DRAGHI ENFOUI
Rappelons que, sur demande expresse de la reine Ursula, l’ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) avait été chargé de rédiger un rapport visant à sauver l’économie européenne du naufrage. Lors de la présentation de son rapport en septembre 2024, Mario Draghi avait averti que l’Europe devrait investir chaque année 800 milliards d’euros dans son économie – ou bien regarder son niveau de vie et sa compétitivité voguer vers l’Atlantique ou être submergés par la route de la soie. En résumé: le premier arrivé se sert.
Le rapport Draghi fut enterré avec le traité de Maastricht, là où les principes très souvent cités et vantés de l’Union attendent qu’on les grave sur une pierre tombale. La stratégie d’Ursula? Ne pas sauver l’Europe par des investissements, mais l’exporter – le capital, le peu d’estime de soi restant, tout droit vers Washington. La devise: mieux vaut exporter que sauver – ainsi Bruxelles n’a plus à se préoccuper de la gênante idée d’«Europe». La désindustrialisation va comme sur des roulettes, les prix de l’énergie explosent, la pauvreté ne se cache plus, elle devient tendance – et l’économie est amorphe comme un accord européen.
Draghi voulait sauver l’Europe – von der Leyen l’a vendue sur le marché mondial comme à la criée. Une heure de discussion – et Washington encaisse, comme si c’était déjà le Black Friday.
Certains produits agricoles comme le bœuf ou la volaille sont officiellement exclus de l’accord. L’UE protège ses citoyens du bœuf américain – mais pas du bœuf tout court.
L’UE PEUT FERTILISER À BON PRIX
L’UE s’engage à acheter pour 750 milliards de dollars d’énergies fossiles – y compris du gaz de schiste issu du fracking. En principe, l’Europe rejette le fracking – sauf quand c’est cher, que ça vient de loin, et que ça arbore un badge de «liberté» made in USA. Ainsi, l’UE importe non seulement de l’énergie américaine, mais aussi les problèmes environnementaux qui vont avec – CO₂ compris.
Un petit détail du méga-deal aurait presque échappé: les États-Unis peuvent désormais livrer des engrais à l’UE sans droits de douane. Ouf! Au moins, l’Europe pourra fertiliser à bon prix. Politiquement, cela s’appelle «diversification stratégique». Au moins, on veille à assurer la production de nourriture. Ce point devrait intéresser les Luxembourgeois. Grâce à Monsanto & co., la soumission pousse sur un sol bien fertilisé.
En 60 minutes, une personne non élue a donc pris des décisions impactant 450 millions d’Européens. Les institutions élues de l’UE peuvent seulement regarder, commenter – et payer. Le Parlement européen, le Conseil des 27 États membres, les autres commissaires? Trop lents, trop compliqués – il est plus simple de conclure l’avenir de l’Europe entre un bunker de sable et un buffet de salades. La démocratie, c’est pour le dessert – si elle n’a pas été oubliée. Une heure de bavardages, une poignée de main – et l’UE se contente d’un rôle secondaire dans sa propre histoire.
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